ROLAND DE LASSUS: ORACULA
COUP DE COEUR DE L'ACADEMIE CHARLES CROS 2008
DIAPASON
5 diapasons
Les Lectures de Job et les Prophéties des Sybilles de Roland de Lassus sont deux classiques incontournables de la musique de la Renaissance. Il en existe d’excellents et d’exécrables enregistrements. En proposer aujourd’hui une nouvelle lecture relève du défi, et Roberto Festa ne craint pas de le relever. L’aventure n’est pas mince, car il faut trouver un son qui ne soit ni celui du Hilliard, ni celui de l’Ensemble vocal européen dirigé par Herreweghe ou encore du Huelgas. Il faut également laisser émerger une articulation dans la lecture qui se distingue de ce qu’avait offert le Cantus Cöln de Junghanel dans un enregistrement intéressant des Prophéties. Festa réussit sur tous les fronts. Dans les Lectures de Job, Daedalus ne succombe pas au morcellement du discours : plutôt que subir une série de courtes phrases, l’auditeur est orienté vers une ample vision de la partition qui repose essentiellement sur un choix subtil des couleurs vocales. Le ton est ainsi donné. Et il ne cesse de fasciner. L’équilibre des voix, les élans expressifs, la justesse impressionnante, l’intime compréhension du texte, le goût du drame sont autant de qualités qui traversent les Prophéties. Festa et Daedalus ne donnent pas dans le spectaculaire. Pas de morosité, pas de tempi insupportablement lents. Avec Oracula, c’est toute la verve et la séduction de l’Ensemble Daedalus, celui du milieu des années 1990, que l’on retrouve avec infiniment de joie.
Philippe Vendrix