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Monteverdi, dans sa célèbre Déclaration, écrite contre les attaques d'Artusi, en fait le premier "rénovateur de la seconda prattica" et Giovanni de'Bardi, un des inventeurs du drame florentin, exalte sa capacité à donner vie de manière claire et intelligible à la poésie chantée. Il sera en outre le premier à explorer les possibilités rythmiques du madrigal "à notes noires" et à abandonner le style imitatif des franco-flamands pour se concentrer sur une écriture, plus déclamée et homophone, conçue pour donner une âme aux paroles ("dar l'anima alle parole" Vicentino), exalter et révéler l'expression du texte.

 

Rore est le père de cette "génération de compositeurs inquiets, mélancoliques et géniaux, lesquels, forts d'une nouvelle pharmacopée musicale, multiplient par dix les vertus efficaces de tous les ingrédients de l'écriture musicale: dissonance, modulations déviantes, fausses relations, vertiges cromatiques. Tout est permis aunom de l'expression du texte poétique." è il padre di quella "generazione di compositori inquieti,  malinconici e geniali,  i quali, forti di una nuova farmacopea musicale,  moltiplicano per dieci le virtù efficaci di tutti gli ingredienti della scrittura  musicale:  dissonanza,  modulazioni  devianti,   false  relazioni,   vertigini  cromatiche.  Tutto  è permesso in nome dell'espressione  del  testo poetico"

(B. Boccadoro).

 

 

Les Motets

Définir la chronologie des motets de Rore n'est pas chose facile, car nous n'avons aucuns renseignements précis sur la vie du compositeur avant 1547, date de son emploi à la cour D'Hercule II d'Este, duc de Ferrare. Probablement, une part considérable de la production en latin de Cyprien voit le jour entre 1540 et 1560. Celle-ci, exception faite pour la collection des motets que Rore publie en 1545, n'a pas été conservée dans une série organisée de publications, mais dans de nombreuses anthologies. Une partie de sa production en latin survit dans des manuscrits et trois importants codex lui sont entièrement dédiés.

 

La plupart des textes que De Rore choisit sont bibliques. Les Saintes Ecritures, riches d'épisodes dramatiques et sanglants, s'adaptent parfaitement à son écriture "expressionniste". Comme pour les madrigaux, il privilégie l'effectif à cinq voix, les tessitures graves, les chromatismes, sommes toutes, les éléments "classiques" de cette mélancolie à la mode au XVIème siècle.

 

 

Les Madrigaux

De Rore nous a laissé 107 madrigaux, recueillis en sept livres qui portent son nom: le reste est dispersé dans de nombreuses anthologies.

 

C'est dans son Premier livre de madrigaux à cinq voix (Venise: Girolamo Scotto, 1542) qu'on lui attribue la palme de "divin" compositeur, une publication où il mêle sonnets de Francesco Petrarca qui annoncent le nouveau style vénitien et madrigaux aux accents plus flamands. Parmi ceux-ci figure aussi "Ancor che col partire", le madrigal le plus célèbre du XVIème.

 

On a souvent prétendu que l'écriture de Cyprien de Rore a été influencée par Adrien Willaert. En fait, dès le début, De Rore prend de la distance face à son maître. Il privilégie le madrigal à cinq voix - effectif extrêmement original pour l'époque! - et fort différents sont leur choix poétique ainsi que leur arsenal harmonique.

 

Entre 1550 et 1557 De Rore publie uniquement son célèbre Calami sonum ferentem, une de ses oeuvres les plus avant-gardistes, et les Vêpres, au contraire, plus canoniques. Après 1557 tout change. Pétrarque ne figurera plus parmi ses muses, son style se fait déclamatoire, son harmonie chimérique. Dans ses dernières productions madrigalesques, Rore crée une écriture à la trame transparente, une homophonie flexible qui se rapporte d'une part, à la monodie de ce monde antique qui revit dans l'imagination des académiciens et des humanistes et, d'autre part, au futur et à la poésie chantée du XVIIème siècle.

 

La seconda prattica est née, ce nouveau "ressentir", auquel font allusion Giovanni de' Bardi et Giulio Cesare Monteverdi.

 

 

 

 

Roberto Festa

CYPRIEN DE RORE (1515 -1565)

Madrigaux et motets

 

Aujourd'hui, l'impact que Cypren de Rore a eu sur ses contemporains et les générations successsives, n'est pas facilement imaginable. De Rore est "le divin Cypren", une appellation qui traduit clairement l'estime dont il jouit, un attribut, à l'époque, qu'on n'accorde pas avec légèreté.

 

Sa musique ne cesse d'être publiée pendant des décennies, au-delà de son vivant: Phalèse (1573) et Gardano (1595) réalisent l'intégrale de ses motets; une extraordinaire édition de tous ses madrigaux à quatre voix est publiée en 1577 et en 1590 on en réalise une réimpression. Une foule de compositeurs se réclament comme ses disciples et dans l'oeuvre de tous les polyphonistes les plus significatifs du XVI - Luca Marenzio, Jacques de Wert, Luzzasco Luzzaschi, Orlando di Lasso, etc. - il est facile de trouver sa trace.

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